L’ile du Prince Edward

Le 12 Juillet nous quittons Port Hood en Nouvelle-Ecosse pour rejoindre la plus petite province canadienne, l’ile du Prince Edward. Le vent est orienté à l’Est, ce qui est idéal. En revanche il monte à 30 noeuds et la mer forcie vite. On y va sous génois seul qu’on réduit même pour soulager un peu le pilote qui bosse beaucoup dans les vagues. Comme toujours Culbuto nous emmène à bon port sans encombre et nous jetons l’ancre devant le petit port de pêche de Georgetown en début d’après midi. Le vent est toujours fort mais le mouillage bien abrité de la houle. 

Le lendemain nous prenons un bus pour nous rendre dans la ville principale de Charlottetown pour y louer une voiture. L’ile est certe la plus petite province du Canada mais elle est 5 fois plus grande que la Martinique… Après un resto sur le front de mer nous allons découvrir le parc National de Stanhope. La balade que nous y faisons ne nous enchante pas. Les arbres sont quasiment tous brulés ou déracinés. Surement la conséquence de l’ouragan Fiona qui à ravagé la province en septembre 2022. Suite à cette tempête certaines dunes ont reculés de plus de 10 m !! Pour finir l’après midi nous retraversons l’ile pour nous rendre au phare de Point Prim. Ce phare a une drôle de vie… Il est conçu par un ingénieur anglais en 1845 pour être le premier phare de l’ile. C’est la raison pour laquelle c’est le seul phare cylindrique de l’ile.   D’abord construit avec des briques locales il est rapidement soumis à l’érosion et donc recouvert d’ardoise pour le protéger. Aujourd’hui il est toujours menacé par l’érosion. En effet le terrain sur lequel il est construit diminue chaque année sous les assauts de la mer malgré les constructions de murs successives. Donc si vous avez besoin d’un maçon, a priori, il vaut mieux éviter d’en prendre un qui vienne de l’ile du prince Edward…

Pour le second jour sur place nous découvrons le parc de parc de Greenwich à l’occasion d’une balade très sympa avec une alternance de forêts et de dunes. Ensuite nous nous rendons à la plage de Red Point. Nous profitons longuement de la baignade sur cette plage très peu profonde et toute embrumée. L’ambiance y est étrange. On ne voit pas le large et que quelques centaines de mètre de plage malgré une température extérieure d’au moins 28 degrés… Nous finissons la journée par la visite rapide du bourg de Souris. C’est allés et venues en voiture nous ont permis d’avoir une bonne vue d’ensemble de cette ile très tournée sur l’agriculture, notamment de la pomme de terre. Il y a une grosse communauté Hamish sur l’ile du Prince Edward et c’est surprenant de les croiser à cheval pendant que nous sommes dans une voiture climatisée…

Deux jours qu’Océane rate la sieste et elle commence à nous le faire sentir. Le troisième jour, PB ramène la voiture à Charlottetown pendant que les filles restent se reposer à bord. Nous passons le reste de la journée tranquillement au bateau et partons  en fin d’après midi le 15 juillet pour les Iles de la Madeleine, distantes de 90 miles.

Les iles de la Madeleine

La navigation de nuit se fait sans encombre dans du petit temps et sans brouillard. On se souviendra surtout du ferry qui fait la liaison entre les iles de Prince Edward et de la Madeleine qui a fait un grand détour pour nous doubler. C’est suffisamment rare pour le souligner ! 

Nous passons le chenal d’entrée en laissant l’ile d’Entrée à tribord à 10h le 16 juillet, juste derrière un bateau que nous avons déja croisé plusieurs semaines auparavant lors de notre escale à Hampton VA. Les derniers miles au près sur une mer plate et 15 noeuds de vent pour rejoindre Havre  Amherst est agréable et très jolie le long des dunes. Malheureusement Manon n’en profite pas car elle surveille Océane qui décide que c’est le moment de jouer à l’interieur.

Nous sommes officiellement au Québec et tout le monde parle Français, enfin… Québecois !

Nous restons au mouillage dans cette petite baie avec quelques bateaux mais descendons en fin d’après midi profiter du concert à la marina et se renseigner sur les bus vers Cap aux Meules qui est la plus grosse agglomération de ces iles. On parle « des Iles » de la Madelaine car c’est un archipel de 7 iles principales mais 6 d’entre elles sont reliées par des routes ou des ponts, lesquels sont parfois submergés. Curieusement pas vraiment de ligne de bus ou du moins tout le monde nous dit de ne pas nous y fier.

Nous décidons donc de nous limiter à l’énooorme ascension de la colline des demoiselles et qui nous offre une très belle vue sur l’ile de havre Aubert. Le vent est fort et Océane ne tient pas debout au sommet ! On s’amuse bien sur les pentes du sentiers et trouvons presque la balade trop courte. L’après midi PB profite du vent pour faire de la wing autour du bateau. Cette escale est aussi l’occasion de rencontrer Renaud avec qui nous échangeons nos guides des Antilles contre l’atlas des courants du St Laurent.

Le lendemain nous faisons une courte navigation pour rejoindre la marina de cap au meule d’où nous pourrons aller explorer d’autres iles, normalement, en bus. Sauf que quand nous essayons de prendre le bus, pas moyen. Aucun ne passe ou alors aucune ne s’arrête. On se résout à faire du stop et c’est … un bus ! qui nous emmène. Le chauffeur rentrait au dépôt quand il nous a vu. Voileu également il est heureux de nous rendre service et fait un détour pour nous emmener directement à la fromagerie que nous souhaitions aller voir.  Nous y achetons entre autre du fromage en grain qui vient tout juste d’être fait. C’est le fameux fromage utilisé dans la poutine. Nous le trouvons très salé et pas particulièrement bon mais on apprécie tout de même de le grignoter grain par grain. Nous poursuivons notre route au fumoir d’Antan pour s’approvisionner en fumée de saumon, flétan, pétoncles et maquereaux. Enfin nous faisons du pouce comme on dit ici pour rejoindre la plage des dunes du sud. Nous sommes serein, généralement sur les iles c’est facile. Toutefois nous mettons un certain temps à trouver une voiture. Nous mettons ça sur le compte d’Océane. Sans siège auto c’est une responsabilité que certain conducteur ne souhaitent pas prendre.

A la plage nous avons du mal à retenir Océane qui de demande qu’à se baigner et se rouler dans le sable. Nous passons un très bon moment au pied des falaises rouges mais nous devons penser au retour. Stop à nouveau. Cette fois nous misons sur la route principale pour trouver un véhicule. Le temps passe et nous commençons à nous inquiéter. Nous sommes en plein soleil et Océane ne va pas tarder à avoir besoin de diner. Mais comme toujours nous sommes chanceux. Une voiture qui venait de se garer chez elle ressort de l’allée et la dame vient nous voir en disant,  » C’est bon j’ai laissé les enfants à la maison, maintenant je vous emmène ! » et voilà comment on se retrouve avec Océane dans un siège bébé sur la route du retour !

La météo se dégrade le jour suivant et nous bloque à bord. Puis c’est de nouveau une météo propice pour aller visiter l’ile d’entrée et avancer vers l’embouchure du St Laurent. Nous abandonnons donc l’idée d’aller voir les iles du Nord et redescendons à l’ile d’Entrée. Nous mouillons devant le débarcadère pour que PB puisse descendre à terre courir pendant que les filles font la sieste. En 1h15 de course il a bien fait le tour de l’ile et admirant les paysages qui lui rappellent ceux des iles Féroés. A peine revenu à bord nous changeons de mouillage pour aller  à l’Anse du Nord. C’est magnifique et rempli d’oiseau mais on ne peut descendre qu’à un petite plage, les falaises bloquent l’accès à l’ile à proprement parler.

Pour une fois nous laissons l’annexe à l’eau pour la nuit. Le lendemain matin en la remontant nous découvrons que le dessous est plein de krill. Bien sur, en la montant à bord on en met partout sur le pont et malgré de nombreux seaux d’eau mer ça sentira la crevette quelques jours… Le temps d’attacher l’annexe sur le pont le brouillard est tombé et il n’y a plus d’intérêt à faire le tour de l’ile pour admirer les falaises.

Nous repassons donc encore une fois dans le chenal d’entrée pour contourner par le sud l’ile du Havre Aubert et partir vers l’embouchure du St Laurent. Nous estimons mettre 2 à 2.5 jours pour rejoindre Rivière au Renard qui marquera le début de notre remontée du fleuve. Nous avons beaucoup aimé les iles de la Madeleine et nous aurions aimé y passer plus de temps mais tout le monde nous met en garde sur la remontée du fleuve, ça peut être long si on ne souhaite pas naviguer face au vent. Or nous venons de prendre nos billets retour pour la France. Nous sommes déjà le  23 juillet, nous souhaitons être à Québec au plus tard le 8 Août.

 

 

Îles de la madeleine / Rivière au Renards, par Océane

Bonjour tout le monde,
Je reprends la plume à l’occasion de ce qui sera probablement ma dernière navigation de nuit avant longtemps.
Nous avons quitté les îles de la Madeleine à 10h30 ce matin après avoir essayé de nettoyer tout le krill échoué sur le pont suite au remontage de l’annexe. Papa et Maman ne m’ont pas laissé goûter, j’étais déçue. Si c’est bon pour les baleines ça doit l’être pour moi aussi non ?

Nous renonçons à contourner l’île par l’Est pour profiter du paysage car… Devinez quoi ? Il y a du brouillard ! Ça donne un effet sympa sur les falaises rouges au pied desquelles nous etions ancrés mais l’île disparait dès qu’on s’en écarte un peu.

Moi aujourd’hui j’ai le diable dans le corps. Enfin, je suis super mignonne comme d’habitude mais c’est comme si j’avais des ressorts sur chaque pieds et du poil à gratter plein ma couche. Je ne tiens pas en place et je cherche à courir le plus loin possible de mes parents. Ensuite je fais semblant d’escalader les escaliers ou les filières et ils déboulent en courant et en hurlant ! C’est super drôle comme jeu ! Par contre ça semble les épuiser un peu…
N’empêche que moi j’ai bien envie de profiter du temps hyper calme qu’on a pendant les 10 premieres heures de nav pour me dépenser…
Tout y passe, les livres, les jeux, les guilis, les pirouettes, la musique, les monstres renifleurs. A 17h, Maman à l’idée de m’installer un parcours dans le bateau avec les coussins des banquettes. Génial ! Je saute, plonge et roule dessus en frôlant la commotion cérébrale plus d’une fois pendant une bonne demie heure. Je tends même des pièges à Maman.
Je lui montre mes pieds en disant « bobo » et quand elle vient voir je lui saute dessus toutes dents dehors ! C’était vraiment un bon moment avec elle.

Après le dîner je tombe de fatigue. Le vent lui commence à souffler un peu plus fort. Un petit force 3 pédagogique comme dit notre ami Xavier. Je m’endors comme une masse mais suis réveillée plus tard par le roulis quand le vent monte un peu plus. Le début de nuit est finalement un peu compliquée pour moi et donc pour Maman qui passe du temps dans ma cabine.
Je l’ai entendu sortir et dire à Papa :  » ben moi je suis bien contente que ce soit la dernière longue nav ! « . Le genre de phrase qui rend Papa triste, je le sais moi…

A 1h du matin le vent tourne un peu, j’entends Papa empanner une première fois, puis enlever le tangon. A chaque fois il faut rouler la voile d’avant, manoeuvrer puis la re-dérouler. Vu le peu de bruit qu’il fait je pense qu’il essaie de ne pas se servir des winches pour ne pas me réveiller… S’il savait que je suis en train de vous écrire !

La journée suivante se passe tranquillement mais plus ça va moins ça va. Le vent tombe à mesure qu’on avance vers Rivière au Renard. La navigation devient longue… Non pas que nous ayons une longue distance à faire mais parce qu’on ne se voit pas avancer. En arrivant je calcule qu’on à fait 4 noeuds de moyenne ! Nous n’avons jamais été aussi lent sur Culbuto !
Peu de temps avant notre arrivé Papa reçoit un message de l’équipage de « Malin » qui nous précèdent. Le mouillage est très rouleur alors je demande gentiment à mes parents si on peut aller à la marina plutôt… J’ai bien dans l’idée d’aller me dégourdir les pattes à terre !!

Comme d’habitude j’ai gain de cause et nous nous amarrons en fin d’après midi au ponton. Ponton sur lequel je hurle pour descendre. Mes parents ont l’impression que je n’ai pas vu la terre depuis 10 jours alors qu’on a fait à peine 40h de nav… Mais moi j’ai envie de COURIR !!!

Captain Océane,
Rivière au Renard, Québec.