Shelburne

Nos premiers pas au Canada ont eu lieu dans la province de Nouvelle-Ecosse située dans le Sud-Est du territoire. Nous passons deux jours à Shelburne où la petite ville nous permet un bon ravitaillement et le yacht club de faire des lessives et de prendre des douches bien chaudes. Fait remarquable du coin : Nous y croisons des biches qui se baladent à travers les jardins ! 

Nous nous baladons sur la rive opposée dans une foret de sapin et découvrons le paysage au gré des nappes de brouillard. 

Nous repartons vite vers Oyster Pond. Nous ne sommes pas sûr de ce que nous allons y trouver mais c’est super bien abrité et à bonne distance pour à la fois avancer vers le nord et ne pas faire une navigation trop longue. La météo est clémente avec 15 à 20 noeuds de vent bien orienté venant du Sud Est mais le brouillard est quasi permanent et souvent très épais, réduisant la visibilité à quelques mètres à l’avant du bateau.

Vers Oyster Pond, par Océane

Hello !
On s’est réveillé sous la pluie ce matin alors dès qu’elle a été finie on a sauté dans l’annexe pour aller au yacht club de Shelburne. Il y a une grande cuisine commune dans laquelle Maman a préparé un bon ragoût de bœuf pendant que Papa me courait après.
Nous avons quitté la bouée vers midi pour remonter le fjord au moteur face au vent. J’en ai profité pour déjeuner. Le bœuf ce sera pour demain, ce midi c’était pétoncles et poireaux, miam ! C’est le bon côté d’avoir quitté les Antilles, je découvre d’autres saveurs.

Et d’autres odeurs. La Nouvelle-Ecosse est couverte de pins, ça sent bon ! Même le brouillard a une odeur nouvelle pour moi. Fraîche, humide, claire.

On a de la chance parce que la visibilité est bonne aujourd’hui. On voit même des bouts de ciel bleu par ci par là. Oh ça ne dure jamais bien longtemps mais ça fait plaisir.
Pour moi et Maman ce sera direct à la sieste à peine les voiles hissées. Grosse sieste de 3h, il faut quand même le souligner !
On prend ensuite le goûter dehors. Mes parents semblent se cailler alors que moi je passe mon temps à enlever mes chaussettes pour avoir les pieds à l’air… Ils sont tropicalisés je crois…
L’après-midi se passe tranquillement à jouer dans le bateau. Culbuto avance gentiment vent de travers sous Foc et Grand voile entre 6 et 7 nœuds. Je lis avec Papa, puis avec Maman, puis à nouveau avec Papa, puis encore avec Maman… Comme ça jusqu’à l’heure du dîner.
Cette fois la terrasse du restaurant est fermée. La température a chuté en remplissant le ciel de brouillard en quelques minutes. Heureusement mon nez est suffisamment petit pour que j’en vois le bout !
Cette nuit nous allons encore devoir compter sur l’AIS pour repérer les autres bateaux. Il faudra faire attention, surtout que nous allons passer devant 3 couloirs de navigation de cargos au large d’Halifax. Par précaution j’avais proposé aux parents de faire un détour de quelques miles qui évite de naviguer au travers de ces couloirs en les contournant. Proposition acceptée à l’unanimité ! Heureusement ! J’aurais été dans l’obligation d’imposer ma décision dans le cas contraire… 

N’allez pas croire pour autant que je suis un tyran. Oh non non non ! Au contraire je suis très mignonne en navigation ces derniers temps. En plus de lire (toujours avec le livre tenu à l’envers) je joue avec mes peluches. Je leur fais des bisous et des câlins et quand je ne veux pas de ce que mes parents me donnent à manger je leur refile.

Bon, assez bavardé, je vais finir ma nuit, on approche des DST d’Halifax. Je laisse à Papa le soin de surveiller. J’enfile ma grosse turbulette polaire avec manches molletonnées et Bye Bye ! See you tomorrow !

Captain Océane
N44°06’39 » O63°36’33 »
Nova Scotia

Bonjour bonjour,
La nuit s’est très bien passée, nous n’avons pas croisé un seul bateau. Enfin… si on en crois l’AIS mais vu le brouillard on a tout aussi bien pu passer au milieu d’une flotte de bateaux de pêche sans le savoir…
Il est 11h45 le 28 juin et nous venons de mouiller dans la rivière de Jeddore qui mène à Oyster Pond. Finalement on ne remonte pas jusque là, ca évite 1h de moteur. Je peux enfin vous écrire parce que je reprends des couleurs.
Hier je faisais la mariolle pieds nus, ben… ce matin je suis malade. Je me suis réveillée en vomissant et j’ai été KO jusqu’à maintenant. Je restais dans ma turbulette contre Maman en gémissant. Le Doliprane a fait effet ça va mieux pour le moment..
On a pu voir entre deux averses que l’endroit où nous sommes est très mignon mais c’est fini. Le brouillard est revenu et on ne voit plus les rives…
En remontant la rivière Papa s’est pris de sacrées averses sur la tête, dignes de pluies tropicales. Maintenant le bimini ne sert plus vraiment à se protéger du soleil …
En essayant de mouiller la première fois nous avons failli nous échouer tellement les rives remontent vites. Nous avons jeté l’ancre dans 7m d’eau puis laissé le bateau reculer. Ce faisant l’étrave est passé au dessus du bord avec moins de 2m d’eau puisque Papa a vu le fond et l’eau est moins claire qu’aux Bahamas ici ! Il m’a crié de faire marche arrière très vite et ça s’est bien passé. 2m c’est la profondeur de la quille de Culbuto…
Du coup, tant pis, on est un peu mouillé dans le chenal avec autant de lumières que possible d’allumées pour être visible. C’est pas très orthodoxe mais les feux de nav et moteur compléterons le feu de mouillage aujourd’hui vu le brouillard. Je ne suis pas vraiment stressée par le traffic ici… C’est pas l’Hudson river !

Grosses bises à tous, je vais faire des crêpes

Captain Océane
Rivière de Jeddore, Nova Scotia

En direction de Canso en prenant le temps

Nous restons 1 journée dans la rivière de Jeddore. Nous descendons deux fois à terre pour se dégourdir les jambes mais rien de bien incroyable à voir dans le coin hormis les beaux casiers de pêche au homard rangés sur les quais de pêche. C’est du casier de luxe à côté des casiers employés en Martinique…

Shelter Cove

Le vent est faible en ce moment donc nous choisissons d’avancer par petites étapes. Nous jetons l’ancre dans la magnifique baie de Shelter Cove le 30 juin après une navigation de 25 miles entièrement effectuée au moteur. Cette baie est connue des locaux comme étant un « trou à cyclone ». C’est dire que c’est bien abrité ! Curieusement notre carte est complètement fausse concernant les profondeurs dans cette baie. Si on s’y fie il y a moins d’un mètre d’eau à marrée basse. Heureusement nous pouvons croiser les informations avec des applications nautiques qui contredisent cette information et nous découvrons ce bel endroit avec plusieurs mètres d’eau sous la quille. 

Avant de descendre à terre nous prenons la précaution de localiser le bateau sur cette même application nautique pour le retrouver si le brouillard tombe à nouveau. Nous découvrons les abords sauvages et faisons une ballade dans des bois qui semblent hantés. Ca n’a d’ailleurs pas trop plus à Océane ! 

Sur la plage nous jouons au cerf volant, activité qui devient physique quand il faut courir avec un bébé de 9kg dans les bras pour faire voler le cerf volant et rire le bébé ! Du bateau nous observons un gros pygargue qui vient se percher sur un sapin non loin de là.

Tuffin Island 

La météo nous joue à nouveau des tours quand nous décidons de repartir 2 jours plus tard. Absence complète de vent à nouveau et nous décidons d’abandonner notre idée de rejoindre Canso directement pour nous arrêter pour la nuit à Tuffin Island. Nous rentrons dans ce mouillage coincé entre l’ile et des rochers sans voir ni l’une ni les autres tant le brouillard est épais. Vive les cartographies électroniques ! Nous sommes accueillis par une bonne dizaine de phoques curieux  (mais pas trop) qui viennent sortir la tête à quelques mètres du bateau sans approcher. Océane a bien essayé de les appâter avec de la sardine en boite mais rien n’y fait, ils ne s’approcheront pas plus. Ce n’est pas le cas d’un gros mérou qui lui vient manger la sardine juste sous l’arrière du bateau ! 

Port Hawksburry et canal de Canso

Nous repartons dès le réveil du Capitaine Océane le 3 juillet. Le vent est au rendez vous et c’est une navigation agréable qui nous attend malgré une visibilité toujours réduite à quelques dizaines de mètres. Le vent nous lâche complètement à l’entrée dans la baie de Chedabucto. Nous nous y attendions de par la configuration de la baie. Nous trainons un peu à mettre à moteur car il est 20h est Manon vient tout juste de coucher Océane. Il faut donc la déplacer dans la cabine avant et vous savez comme cette opération est périlleuse…. 

Cette fois c’est perdu. Océane se réveille est fait la java dans la cabine avant jusqu’à l’arrivée 3h plus tard dans la petite marina d’Hawksbury. Enfin pas tout à fait 3h, plutôt 2h50 de manière à être à nouveau endormie au moment de la remettre dans son lit…

Il était temps d’arriver dans une ville car il est temps de faire un gros ravitaillement ! Nous restons donc 3 jours ici pour faire des lessives, des courses et même couper les cheveux de PB. Il y a un festival en ville avec des animations / activités tous les jours et c’est l’occasion d’emmener Océane gouter des chamallows grillés. Pas de doute elle est aussi gourmande que sa mère ! Nous passons également un certain temps à l’immense parc de jeux pour enfants où Océane prend beaucoup de plaisir à jouer avec d’autres enfants. 

Le 6 juillet, pour les 18 mois d’Océane, nous lui offrons son premier passage d’écluse. Le canal de Canso est un lien entre la Baie de Chedabucto et le détroit de Northumberland. Il sépare l’ile du Cape Breton de la partie continentale de la Nouvelle-Ecosse. Rien d’incroyable, seulement 1 pont pivotant et un chenal de 250m fermés par 2 portes. Il y a 60 cm de différence de hauteur d’eau entre les deux côtés du chenal, d’où la nécessité d’employer un système d’écluse à porte pour limiter le courant dans le canal. Nous le franchissons presque sans encombre… En appelant le service de gestion ces derniers nous indiquent que nous devons retourner à la Marina de Hawksburry pour un problème avec le Diesel. « Manon tu as payé le diesel ? » – « Ben non, et toi ? » -« Non plus ! ». Bref…après un appel à la marina et de plates excuses nous pouvons faire le paiement par téléphone et passer l’écluse. 

Nous jetons l’ancre à Havre Boucher pour la nuit. Le mouillage est incroyablement calme et depuis que nous avons passé l’écluse il fait beau. Incroyable mais vrai !

Port Hood

Pour notre dernière escale en Nouvelle-Ecosse nous choisissons Port Hood. A nouveau c’est grâce au moteur que nous y parvenons au terme de 5 h de navigation sur une mer aussi lisse qu’un lac gelé. L’endroit est vraiment beau. D’un côté la ville de Port Hood avec une grande plage où jouent beaucoup d’enfant, de l’autre PortHood Island avec des falaises ocres, des sapins et quelques maisons. 

Nous visiterons les 2 côtés au cour de notre escale de quelques jours ici. Océane se régale à la plage avec les autres enfants qui ont pleins de super jouets qu’elle n’a pas la pauvre petite malheureuse et se baigne pour la première fois depuis les Bahamas. C’est une autre surprise ! Côté Hawksburry la mer était à 12 degrés, elle est à 16 de ce côté ! On ne traine pas dedans mais ça fait du bien. 

Nous attendons le retour du vent mardi 11/07 pour nous rendre sur l’ile du Prince Edward, distante de 50 miles. Nous en aurons alors fini avec la Nouvelle-Ecosse qui nous aura suprise par sa variété de paysages (quand on peu l’admirer vous l’aurez compris ! )